Rédaction : A. A. Fréchette
Photo : David Fallu | Concept : L'ARTIS
Graphisme : Samuel Beaupré
Source de l'article: L'Artis Magazine
La manie d’apposer des étiquettes sur les artistes circonscrit à un ou deux concepts des univers qui n’ont cure des frontières. Dans le cas de Steve Otis, si l’attrait pour le dark art s’avère indéniable, il faut admettre que le refus du cantonnement l’est tout autant.
La pluralité des thèmes qui traversent l’œuvre de ce peintre de Québec s’explique sans doute par son parcours atypique ainsi que par son intérêt marqué pour quantité de sujets.
Le grand foisonnement
Issu d’une mère irlandaise et d’un père acadien, Otis grandit dans le Vieux-Québec des années 1960-1970. Fasciné par le dessin, il illustre son premier ouvrage à 17 ans. Pour lui, l’expression artistique est innée. Dans les années 1980, l’attrait pour la guitare l’emporte et il se consacre à la musique pendant presque une décennie.
Lorsqu’il tourne la page sur ce chapitre, il embrasse enfin les arts graphiques. La bande dessinée, la science-fiction et la fantasy l’attirent particulièrement. Entre autres influencé par des créateurs comme Frank Frazetta et Boris Vallejo, il visite ce créneau parallèlement à une carrière en enseignement des arts.
Durant cette période, qui couvre encore grosso modo une décennie, il fait la une du magazine Solaris, signe des pochettes de disques, illustre un jeu de cartes pour Iron Crown Entreprises (un jeu de rôles du Seigneur des Anneaux) et participe à nombre d’autres projets.
Assises d’huile
« À un moment donné, je me suis dit que j’allais me procurer de la peinture à l’huile et essayer d’aller plus loin », explique Steve Otis. S’il jette son dévolu sur ce médium, c’est d’abord pour sa noblesse. « Mais on oublie souvent le temps de séchage, poursuit-il. Il faut appliquer une couche à la fois. Cette problématique me forçait à commencer cinq ou six tableaux en simultané pour avancer un peu! »
La spontanéité de l’acte créateur lui manque et il finit par se tourner vers l’acrylique. « J’ai essayé d’oublier toutes les règles préconçues de l’art figuratif en me fixant pour but de commencer une œuvre le matin et la terminer le soir même. Je me disais que ça serait brut et que ça viendrait des tripes. » C’est donc à la faveur de ce changement important dans sa pratique que naît son style actuel.
Écriture picturale et thèmes
Comment décrire la griffe de Steve Otis? « J’ai toujours joué avec la lumière et les couleurs. J’aime la saturation de celles-ci, les contrastes, les zones de clair-obscur et l’intensité », dit-il. Pour lui, l’important reste de ne pas avoir peur d’en mettre assez pour que ça frappe.
Bien que ses pièces s’avèrent souvent figuratives, elles ne se veulent pas narratives. La proposition de l’artiste se campe dans les atmosphères. L’observateur demeure le maître de l’interprétation finale.
Au sommet de la liste variée des genres explorés par Otis apparaît le dark art. Il lui permet de repousser les limites, de déranger et surtout, de sublimer des sujets qui paraissent à priori grotesques. Viennent ensuite l’imaginative realism et la peinture animalière. Enfin, le créateur ne peut renier son attrait pour l’abstraction et propose, de temps à autre, des pièces qu’il qualifie de libératrices.
Vers le public
Depuis sa rencontre en 2014 avec Marie-Eve Marion, sa conjointe, sa carrière artistique a pris un nouvel élan. De fait, ils ont fondé les Productions Maeve, destinées à faire connaître les œuvres d’Otis. Aussi, sa boutique en ligne constitue la voie la plus directe pour rejoindre les adeptes du genre.
Les lieux de diffusion spécialisés en dark art étant peu nombreux au Québec, voire absents, le créateur projette de mettre sur pied une galerie mobile afin d’amener l’art dans les événements liés à son iconographie, comme des festivals de musique.
Une visite à productionsmaeve.com, où l’on peut admirer des peintures allant du portrait au nu en passant par le gore, scelle cette idée que l’on se fait d’emblée en discutant avec Steve Otis, soit que rien n’est à son épreuve.
Commentaires
Publier un commentaire