Ukraine - Symbole de force et de résilience

Depuis quelque temps je suis affecté par les conflits en Ukraine. Je suis d’autant plus interpellé par la situation critique qui se dessine actuellement au niveau mondial, suite à la rencontre de Volodymyr Zelensky et M. le Président des États-Unis. Depuis cette visite à la Maison-Blanche et la manière dont M. Zelensky  a été reçu par le nouveau président des États-Unis. Si on peut appeler ça un président, car selon moi, il déshonore lamentablement tous les hauts dirigeants qui l’ont précédé. J’ai voulu en savoir un peu plus sur l’histoire de l’Ukraine et des raisons qui ont conduit au conflit et à l’invasion de la Russie sur le territoire Ukrainien. D’où, l’idée de cet article.

Loin d’être un article complet, qui prendrait plusieurs pages voire un livre, afin de retracer l’histoire complète de l’Ukraine. Cet article est un très court et humble résumé afin de partager mes recherches,  et comprendre le conflit actuel Russie-Ukraine. Et, vous permettre aussi de développer votre propre opinion sur le sujet. J’ai découvert à travers mes recherches les horreurs dont ont été victimes les Ukrainiens à travers l’histoire. Comme vous le verrez, j’ai beaucoup développé autour d'un sujet plutôt troublant, nommé par certains historiens : Holodomor.

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Mise en situation

Comme plusieurs personnes le savent probablement, l’Ukraine, tout comme la majorité des pays d’Europe, n’en est pas à ses premiers déboires avec la Russie. Effectivement, l’Ukraine a connu son lot de problème avec la Russie tout au long de son histoire. Notamment, une famine à caractère intentionnel sous le règne de Staline. Identifié comme Holodomor, qu’on peut traduire par "extermination par la faim ". C’est sous le règne de Joseph Staline, entre 1933 et 1934, qu’environ 7 millions de personnes seraient morts de faim incluant entre 5 et 6 millions d’Ukrainiens. Ces chiffres sont évidemment une estimation des historiens. Car, la Russie étant ce qu’elle est, conteste évidemment le caractère intentionnel de cet évènement et ne dévoilera jamais le nombre exact de mortalités, "qu’aurait engendré un acte d’oppression volontaire n’ayant jamais existé, selon elle". C’est à la fin de 2006 que l’Ukraine, maintenant indépendante, qualifiera officiellement cet évènement de génocide. Bien que ce génocide soit reconnu par la majorité des pays, comme le Canada qui reconnaît cet épisode comme un génocide, il est toutefois contesté par certains autres, ainsi que par certains historiens.[1]

Un peu d’histoire, avant 1931

À travers l’histoire, l’Ukraine n’a cessé de défendre son territoire et sa culture afin de conserver son indépendance. Décrite par les historiens comme "La guerre d'indépendance ukrainienne", de 1917 à 1921, les 35 millions d’Ukrainiens s’imaginaient enfin un grand avenir.[2] La guerre d’indépendance ukrainienne est une série de conflits pro-tsaristes impliquant de nombreux adversaires ayant duré de 1917 à 1921.[3] Après la Grande Guerre et à la suite de la révolution russe, elle retrouvera un semblant d’indépendance avec le soutien de l'Empire allemand en 1918 et cela aboutira à la création et au développement d'une République ukrainienne.[4] En 1921, grâce à une nouvelle Politique économique (NPE) instaurée par Lénine, la population ukrainienne, essentiellement constituée de paysans, bénéficiait enfin d’un retour à la propriété privée lui permettant une relative aisance. Son identité nationale était, du reste, conservée. Dans les écoles et les universités, les cours se donnaient en ukrainien. Quand Staline déclenche sa révolution industrielle vers la fin des années 1920, l'Ukraine devient alors l'une des sources indispensables de son financement. Le 30 décembre 1922, de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), naît du traité qui réunit la RSFSR, la Biélorussie, l'Ukraine et la Transcaucasie. Dans le conflit qui oppose les communistes du centre (Moscou) et les partis communistes nationaux, c'est le centre qui l'emporte et impose une fédération.[5] Ainsi, en 1922, la majeure partie de l’Ukraine sera absorbée par l'Union soviétique sous le nom de République socialiste soviétique d'Ukraine jusqu’en 1991.[6]

Résumé de La Grande Famine, après 1931

Afin d’éradiquer le nationalisme ukrainien, perçu comme la plus grave menace à la construction de l’URSS sous la houlette de la Russie, Joseph Staline mettra en place, de manière subtile, mais très efficace, des mesures précises afin de briser la résistance paysanne ukrainienne.[7]

En deux ans, de l’été 1931 à l’été 1933, 7 millions de Soviétiques mourront de faim, dont 5 millions en Ukraine. C’est au début de l’année 1933 que la famine prendra des proportions terrifiantes. En six mois, la mortalité sera multipliée par dix dans certaines régions. Entre autres, dans le district de Kharkov, le nombre de décès passe de 10 000 à 100 000 par mois entre janvier et juin 1933. De nombreux cas de cannibalisme sont attestés. La déshumanisation et l’animalisation de l’ennemi, caractéristiques des processus génocidaires, sont en marche. Aucune aide ne sera apportée aux affamés ukrainiens. Par contre, pendant ce temps, l’URSS continuer à exporter du blé pour financer son industrialisation à marche forcée, 1,7 million de tonnes en 1932 et en 1933, soit des quantités plus que suffisantes pour sauver les paysans ukrainiens et leurs familles. Vers le milieu de l’année 1933, Staline estime qu’il est temps de faire cesser le massacre : "Le Comité central et le gouvernement considèrent qu’au terme de nos succès à la campagne, nous n’avons plus besoin de répression de masse."[8]

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Le bilan est effroyable. C’est une véritable saignée générationnelle. La moitié des victimes sont des enfants et la moitié des enfants ont perdu au moins l’un de leurs parents. La surmortalité et la sou natalité entraînent un déficit démographique considérable qui pèsera pendant des décennies. "Rarement dans toute l’histoire européenne, souligne le démographe Alain Blum, une famine aura provoqué des pertes aussi considérables. […] Elle a conduit à une disparition complète de foyers entiers. Elle avidé des localités et n’a guère laissé subsister que des familles décomposées".[9]

Quarante ans plus tard, cette famine sera révélée dans une publication de L'archipel du Goulag d'Alexandre Soljenitsyne. En 1986 l'ouvrage de l'historien anglo-américain Robert Conquest, Sanglantes Moissons, constitue quant à elle, la première étude détaillée de cette famine en Ukraine. Sortie en 2019, L'Ombre de Staline,[10] un film réalisé par Agnieszka Holland, est un film biographique polono-britannique ukrainien inspiré de la découverte de cette famine par le journaliste britannique Gareth Jones. Jones est le premier à en avoir été témoin et ayant tenté, sans succès à l’époque, de divulgué cette abomination au grand jour. On retrouve aussi l'ouvrage d’un collectif d’historiens et d’universitaires, Le livre noir du Communisme: Crimes, terreur, répression, publiée en 1997 par les Éditions Robert,[11] qui rappellent comment le pouvoir soviétique a caché et nié cette famine. Historien spécialiste de l’Union soviétique, Nicolas Werth quant à lui, a d’ailleurs qualifié cette famine comme le "plus grand crime de masse du stalinisme",  dans un CD paru au CNRS.[12]

Dans une tribune du site web Le Monde, publié le15 avril 2023 il déclare : "Ces famines, qui ne furent précédées d’aucun cataclysme météorologique, se distinguent des nombreuses famines qu’avait connues la Russie tsariste. Elles furent différentes aussi de la famine de 1921-1922, qui avait clos un cycle de huit années de guerre, de révolutions et de guerre civile. Les famines du début des années 1930 en Ukraine furent la conséquence d’une politique d’une extrême violence : la collectivisation forcée des campagnes, véritable guerre antipaysanne ukrainienne déclenchée, fin 1929, par le régime stalinien dans le but d’extraire un lourd tribut pour soutenir l’industrialisation accélérée du pays et imposer un contrôle politique sur les campagnes".

Pour reprendre les propos de Jacques Semelin, dans un article paru dans la Revue internationale des sciences sociales : "Génocide ou non, il n’en reste pas moins qu’un processus organisé de destruction de civils, visant à la fois leurs personnes et leurs biens alors qu’ils n’étaient pas en situation de se défendre, a bien été mis en œuvre en Ukraine en 1932-1933". Nicolas Werth, mentionne : "il n’en reste pas moins que l’Holodomor est un processus politique d’une rare brutalité, caractérisé par l’affrontement entre l’État et les paysans ukrainiens, inauguré dès la prise de pouvoir des bolcheviques".[13]

1946, et ça recommence !

Dans Perspective Monde on peut lire : Un an après la fin de la deuxième guerre mondiale, en juillet 1946. L’Ukraine sera une seconde fois dévastée par la famine et fera plus d’un million de morts. Cette fois-ci, la Moldavie, l’Union soviétique et le centre du pays seront aussi éprouvés.[14]

Plusieurs conséquences, liées au conflit européen de 1939-1945, affecteront cette famine, dont, une pénurie en main-d’œuvre et d’équipements. À partir de juillet 1946, s'ajoute à ce contexte une sécheresse qui frappe une partie importante de l'Europe. Le premier secrétaire du comité central du Parti communiste d'Ukraine, Nikita Khrouchtchev, avisera alors Moscou que les exigences du gouvernement en tonnes de grains ne pourront être comblées. De fait, la production ukrainienne de 39,6 millions de tonnes pour 1946 est nettement inférieure à celles des années précédentes. Les explications de Khrouchtchev, qui sera éventuellement écarté de son poste, ne satisferont pas le leader soviétique Staline. Les récoltes des fermes collectives et d'État ne suffisant pas, les réserves des paysans ukrainiens seront alors confisquées. Cette situation accentuera la misère, notamment dans la partie ouest de l'Ukraine. Le fait que Moscou continuera à exporter ses ressources agricoles dans d'autres pays d'Europe, malgré la famine qui frappe l’Ukraine de 1946, accentue le sentiment que Staline veut profiter de l'occasion pour affamer les Ukrainiens une fois de plus. Cette hypothèse fait bien évidemment l'objet d'un débat qui s'inscrit dans un contexte historique particulier, surtout si on le compare à celui de 1932-1933.[15]



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2022, plus ça change, plus c’est pareil

Le 24 février 2022, la Russie procède à des bombardements par missiles de croisière et balistiques sur plusieurs villes ukrainiennes, dont Kiev. Les troupes russes au sol pénètrent sur le territoire ukrainien, ce qui constitue le point de départ de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.[16]

Le 13 octobre 2022, dans une entrevue accordée à La Presse, le ministre du Développement international, Harjit Sajjan, a déclaré : "Quand vous regardez le nombre de missiles russes qui visaient des civils, il est difficile de ne pas faire le lien avec le génocide qui a eu lieu pendant l’Holodomor".[17]

En 2023, une frappe russe détruit une école ukrainienne à une dizaine de jours de la rentrée des classes.[18]

En 2024, la Russie a mené une attaque massive en Ukraine sur deux hôpitaux, dont un pour enfants.[19]

Les Ukrainiens ont vécu leurs lots d’épreuves. Et comme l’histoire le raconte si bien, ils ne se laissent pas abattre facilement. De surcroit, ils peuvent être identifiés, tout comme leur leader actuel, Volodymyr Zelensky, comme un peuple fort, courageux et résilient.

Le jour commémoratif du Holodomor est fixé au quatrième dimanche de novembre.

  

Références:

Références Images:

Image No 1Une reproduction exacte de la statue intitulée « Souvenirs amers de l'enfance » du sculpteur Preto Drozdowsky, représentant une jeune paysanne affamée tenant une gerbe de blé, a été inaugurée sur le terrain du Centre Wascana en Saskatchewan en 2015. La statue originale se trouve toujours au Musée national du génocide de l'Holodomor à Kiev, en Ukraine. https://education.holodomor.ca/introduction/holodomor-monuments/

Image No 2 : Photographie très populaire représentant une petite fille du temps de la grande famine en Ukraine. Photographie de Alexander Wienerberger, courtoisie de Samara Pearce. https://www.cnn.com/2023/02/06/europe/ukraine-famine-survivor-intl/index.html

Image No 3 Photographie Alexey Fedoren, https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/guerre-en-ukraine-les-occidentaux-craignent-un-tournant-apres-les-frappes-russes-sur-plusieurs-villes-du-pays/



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